Le 17 septembre 2024, le groupe Meta qui détient notamment Facebook, Instagram et WhatsApp fait une annonce qui semble aller dans le bon sens pour la protection des mineurs sur Instagram. En effet, la maison mère de ces réseaux révèle la création de comptes dédiés aux 13/17 ans. L’objectif de cette mesure est d’accroître la protection des mineurs, mais uniquement sur Instagram ! Quelles sont les spécificités de ces « comptes adolescents » ? Notre cabinet d’avocat qui traite régulièrement des affaires où la protection d’un mineur est en jeu vous en dit plus.
Zoom sur les « comptes ados »
Comme évoqué, ces comptes sont réservés au 13/17 ans afin de mieux les protéger. « Des fonctionnalités qui, jusqu’ici, étaient optionnelles seront désormais obligatoires » selon Capucine Tuffier, responsable des affaires publiques et chargée de la protection de l’enfance chez Meta France. (Voir vidéo ci-dessous).
Ces comptes ados sont disponibles depuis le 17 septembre aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et Australie… Mais pas en France pour le moment. Il va falloir attendre encore la fin de l’année pour que cette fonctionnalité arrive dans l’Hexagone ainsi que dans le reste de l’UE.
Quant aux autres réseaux sociaux du groupe Meta, aucune communication n’a été faite concernant l’arrivée de tel compte.
Cette annonce arrive alors qu’une étude de Médiamétrie publiée en février 2024 révèle que 66 % des Français âgés de 15 à 24 ans vont sur les réseaux sociaux au moins une fois par jour.
Exemples
Voici à titre d’exemple des fonctionnalités qui seront désormais obligatoires sur les comptes ados :
- Un adolescent ne pourra pas rendre visible ses publications au-delà de son cercle d’amis.
- Il y aura des restrictions vis-à-vis des contenus offensants.
- Des limites beaucoup plus strictes concernant le temps passé. Ainsi de 22h00 à 07h00 aucune notification ne sera envoyée. Par ailleurs, un parent pourra bloquer son enfant sur le réseau social du groupe Meta aux horaires qu’il aura décidé. Ceci afin d’empêcher son enfant d’aller sur Instagram durant la période impartie.
- Les parents, sans pour autant pouvoir lire le contenu des messages privés que rédige leur enfant, pourront savoir avec qui échange leur jeune via message privé.
- Ils pourront également voir le temps passé sur le réseau social et fixer une limite.
Interview
Pour bien comprendre ce dont il s’agit en détail, voici une interview de Capucine Tuffier, par le journaliste Jérôme Chapuis. (voir vidéo ci-contre).
Elle s’exprime sur France Info dans l’émission « le grand témoin » du 18 septembre 2024.
L’addiction aux réseaux sociaux & les dangers du scrolling à l’infini
En introduction de son émission, Jérôme Chapuis déclare : « accusé de nuire à la santé mentale et physique des ados, pointé pour son risque addictif comme d’autre réseaux sociaux, Instagram modifie drastiquement ces conditions d’utilisation » . Dans une autre émission de France Info (« Ca nous arrive tous les jours » du 19 septembre 2024), la journaliste Emma Strack nous parle d’une étude canadienne sur les dangers du scrolling à l’infini. Il s’agit de cette fonction qui consiste à faire défiler nos écrans à l’infini.
L’infinite scrolling est pratiqué par 80% des Français. Le temps moyen passé est de 1h48… par jour ! Le saviez-vous ? Même son inventeur, Aza Raskin, regrette aujourd’hui de l’avoir créé. Il travaille d’ailleurs aujourd’hui à la conception d’un « anti-infinite scroll » .
Emma Strack précise par ailleurs que : « Les chercheurs ont comparé des utilisateurs qui devaient regarder une vidéo, sans pouvoir zapper, à d’autres, qui pouvaient scroller et passer à la vidéo suivante. Ces derniers ont fini l’expérience moins satisfaits que les autres, qui ont davantage mobilisé leur attention. Pour résumer, le fait de se plonger dans un contenu, de s’engager, produit plus de plaisir.
Lorsqu’on zappe trop vite ou trop souvent, on ne discerne plus ce qui nous plaît ou pas, ce qui nous fait du bien ou non, au point de perdre nos repères. Si on fait l’expérience, avec un proche sans lui dire de chronométrer le temps qu’il passe sur un réseau, le temps ressenti qu’il déclarera pourra être de 10 minutes quand le temps réel aura été de 30 minutes » .
Pour le moment, une fonction « anti-infinite scrolling » ne semble pas être présente dans les comptes ados. Une fonction qui pourtant améliorerait la protection des mineurs sur Instagram.
Pour aller plus loin
Vous voulez en savoir plus sur les dangers du scrolling infini ? NDP Avocats vous propose ci-dessous d’écouter l’émission « Ca nous arrive tous les jours » du 19 septembre 2024… Rassurez-vous, elle ne dure que 2’20 minutes !
NDP Avocats et la protection des mineurs sur Instagram & les réseaux sociaux
La protection des mineurs est un thème auquel notre cabinet d’avocat est particulièrement sensible. En mai 2021 déjà, nous avions consacré un article sur le droit à l’image et du droit à l’oubli des mineurs sur les réseaux sociaux. Plus récemment, en février 2024, le droit à l’image des enfants sur internet a connu une forte évolution avec une nouvelle loi.
Par ailleurs, NDP Avocats est spécialisé notamment en droit de la famille. A ce titre, notre cabinet d’avocat intervient régulièrement dans le cadre des divorces. Quand deux personnes se séparent et qu’un ou plusieurs enfants sont issus de ce couple, la question de l’autorité parentale et du droit à l’image sur les réseaux sociaux se pose désormais. En d’autres termes, l’un des parents peut-il poster des images de son enfant, sur les réseaux sociaux, si l’autre s’y oppose ? Au quotidien, c’est une question à laquelle nous sommes de plus en plus confrontés dans les affaires que nous traitons.
Vous avez une question sur la protection des mineurs sur Instagram ou sur un autre réseau social ? Contactez-nous !